Collaborateur/collaboratrice administratif/ve (40 – 60 %) |
Menu
Home » Actualités » La Parole de Dieu parle du VIH
Un dimanche matin dans la ville de Chambe, au sud-ouest de l’Éthiopie, le pasteur Bilu Demissie Shorbote explique à sa congrégation la signification du Psaume 23:
En Christ, a-t-il dit, il y a une place pour la guérison et la consolation. Quelqu’un ici a-t-il déjà éprouvé la consolation de Dieu ?
«Amen», répondent les fidèles tous ensemble. Ils ont tous été témoins de la consolation de Dieu dans leur communauté.
Ces derniers mois, la ville de Chambe a de nouveau fait l’expérience de la preuve tangible de la consolation de Dieu, grâce à un livret sur le VIH/SIDA. Le livret, dont le titre original était Kande’s Story (L’histoire de Kande), raconte l’histoire d’une jeune femme dont la mère et le père sont morts du SIDA, et la manière dont les membres de l’église locale ont apporté leur soutien et la guérison.
L’histoire de Kande est un récit réaliste inspiré d’histoires racontées par un responsable d’église du nord du Nigeria, parlant d’enfants de sa communauté. L’histoire a d’abord été écrite en 2004 par un salarié de Shellbook Publishing Systems qui, par la suite, a autorisé SIL à l’adapter et à l’utiliser en y ajoutant un manuel pour les animateurs. Depuis lors, elle a été traduite en 139 langues, dont treize en Ethiopie. Parmi celles-ci, on trouve le dialecte Guji d’Oromo, parlé dans le village de Chambe.
Lorsque les gens lisent L’histoire de Kande, ils découvrent différentes manières d’appliquer la Bible à leur vie de tous les jours. Les participants discutent ensemble comment Jésus a traité les lépreux, comment Dieu voit le sexe, la justice envers les orphelins et les veuves, et bien d’autres choses encore.
On estimait en 2007 que 2,1 % de la population adulte d’Éthiopie était séropositive, mais ce chiffre tend à augmenter pour atteindre la moyenne les 5 % que l’on trouve en Afrique subsaharienne. 22,5 millions de personnes à travers l’Afrique subsaharienne sont séropositives, et près de 15 millions d’enfants sont orphelins du SIDA.
La honte liée à la maladie est grande en Éthiopie. Les communautés stigmatisent souvent ceux qui sont suspectés d’avoir le VIH ainsi que les membres de leurs familles. Les églises enseignent en général que le VIH est une conséquence de la colère de Dieu, une preuve de la présence du péché dans la vie de la personne infectée. Beaucoup ne toucheront pas une personne infectée et ils ont même peur de prononcer le nom de la maladie, la nommant « cette chose ».
L’impact de l’histoire de Kande est remarquable. A Kibre Mengist, une ville voisine de Chambe, un groupe de personnes séropositives ont commencé à se réunir tous les vendredis dans un lieu public. Ensemble elles prennent un café, partagent des moments d’amitié et de soutien. Leur présence dans un espace public expose leur séropositivité à leur communauté d’une manière jamais vue avant la mise en place des ateliers sur L’histoire de Kande.
J’ai toujours eu peur des personnes séropositives, dit Hamero Kedir, une jeune femme originaire de la région. Maintenant je peux leur dire salut, leur serrer la main, et venir près d’elles pour essayer de les aider.
Quand les responsables politiques de la région de Chambe ont entendu parler des livrets de L’histoire de Kande, ils étaient enthousiastes. Ils ont contacté ceux qui ont mené les ateliers et leur ont demandé de reconduire cet atelier dans chacun des 15 districts de la région, totalisant une population de quatre millions de personnes. Auparavant, dans cette région, les seuls prospectus, affiches et émissions de radio concernant le VIH/SIDA étaient en langue nationale, l’amharique.
Le gouvernement a lui aussi dispensé une formation sur le VIH, mais celle-ci est unique, parce qu’elle se lit dans notre langue maternelle et parce que celui qui est formé se doit de former à son tour quelqu’un d’autre, explique le responsable d’église Worku Mute.
Il fait référence à la méthode par laquelle on demande à ceux qui participent aux ateliers de transmettre à d’autres leurs connaissances concernant la maladie, de telle manière que l’histoire se propage de manière exponentielle.
D’autres peuvent aider à propager L’histoire de Kande. Danbala Elema, un traducteur Guji, a dit qu’ils ont besoin de plus de livrets à distribuer. 20000 copies ont été imprimées lors de la première édition, mais il y a quelques 4 millions de locuteurs.
Mon désir serait que chaque personne soit touchée, dit Worku, qui coordonne l’envoi de missionnaires locaux grâce à Evangelical Church Fellowship of South Ethiopia et qui aimerait que chaque missionnaire en ait une copie.
Vers la fin du culte à Chambe, le pasteur Bilu Demissie Shorbote et l’assemblée ont chanté ensemble: « Jésus m’a sauvé de la mort, il a jeté au loin mon péché. Maintenant je suis libre et heureux. » Aujourd’hui à Chambe, et à travers l’Afrique, lorsque les gens lisent L’histoire de Kande dans leur langue maternelle, Jésus donne un nouveau goût de liberté et de joie aux personnes affectés par le VIH/SIDA.
Photos: Heather Pubols
Texte: Christine Jeske